La suite de l'article réalisé par Daniel Bottin membre de l'ACHDR.

Le premier Kinescope

En 1952, la RTF venait d’acheter les anciens studios Gaumont des Buttes-Chaumont et disposait ainsi de deux magnifiques Caméra film 35 mm « Super Parvo Debrie » avec lesquelles de grandes productions françaises ont été tournées. L’une d’elle pouvait fonctionner à 25 images par seconde synchrone sans glissement.
Cette caméra a été installée à Cognacq-Jay dans la sous pente parfaitement obscure d’un escalier côté rue de l’Université. Elle a été placée devant un petit moniteur muni d’un écran aluminisé de petite taille très brillant et remarquablement net.

Le vendredi 23 février 1952 le dispositif est prêt. Jacqueline Joubert installée dans son studio accepte de bonne grâce, de se prêter à l’expérience avant son annonce de 12h30. À 12h15 le moteur de la caméra 35 mm est actionné, la claquette retentit devant le moniteur et Jacqueline Joubert fait son annonce d’une quarantaine de secondes devant la caméra film 35 mm « Super Parvo Debrie ».

Cette caméra 35 mm effectue la prise de vue à raison de 25 images par seconde et le film est envoyé au labo pour être traité. Celui-ci revient fin février ce qui était une  prouesse pour l’époque.
Le résultat est spectaculaire, on obtient une bonne image très fine en 400 lignes seulement car la caméra ne filme qu’une trame sur 2.
Le résultat de ce premier kinescope a été visionné plusieurs dizaines de fois dans la salle de projection de Cognacq-Jay devant les différents responsables du centre.
Un jeune réalisateur utilise aussitôt le kinescope pour un court métrage (Seine-Tamise) qui raconte la vie des mariniers sur une péniche de haute mer où bien entendu on regarde la télévision.

Après l’expérimentation

Il n’était pas concevable de produire des émissions en 819 lignes et de les enregistrer en 400. Pour filmer les émissions en 819 lignes, il faut que la caméra film tourne 2 fois plus vite de manière à enregistrer les 2 trames en 1 seconde. Cette caméra fim va donc tourner à la cadence de 50 images par seconde.
C’est ce procédé qui va se généraliser à la télévision. Pour se faire, un local technique dédié à cette fonction va être installé à Cognacq-Jay. Ce local sera appelé « le Kinescope ». On utilisera des caméras film 16 mm plus économiques en production que le 35.

Le Kinescope va comporter plusieurs cellules équipées de caméra film 16 mm de marque Mitchell. Chaque caméra sera associée à un magnétophone à bande perforée. La caméra Mitchell est parfaitement bien adaptée pour se synchroniser avec un magnétophone.

 

Dorénavant, toutes les émissions devant être conservées le seront suivant ce procédé. L’arrivée du magnétoscope ne va pas faire disparaitre du jour au lendemain le Kinescope. On continuera pendant des années à enregistrer la plupart des émissions sur magnétoscope et aussi sur film 16 mm.

On se rend compte que l’enregistrement magnétique se dégrade assez rapidement avec le temps. Par contre, les techniques cinématographiques parfaitement bien maitrisées permettent de conserver les enregistrements plus longtemps dans de bonnes conditions. Cette situation cesse au cours de la décennie 80 avec la très nette amélioration dans la fabrication des bandes magnétiques qui conservent beaucoup mieux l’enregistrement dans le temps.
En reportage, le passage de la caméra film à la caméra vidéo plus lourde se fait avec une certaine réticence.

Le télécinéma pourra utiliser aussi bien des films commerciaux avec pistes sonores que des films produits par le kinescope en association avec un magnétophone à bande perforée. Ce télécinéma sera appelé « Télécinéma double bande ». Les vitesses de défilement du projecteur et du magnétophone sont parfaitement synchronisées.

Daniel.bottin@wanadoo.fr

(Source ACHDR /  Daniel Bottin)

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