LA TELEVISION ET LE CINEMA 1/2
19 sept. 2024À découvrir, une sérié de deux articles très intéressants réalisés par Daniel Bottin membre de l'ACHDR.
La télévision et le cinéma ont été rendus possible grâce à « la persistance rétinienne ». C’est la faculté que possèdent l’œil et le cerveau humain de garder en mémoire une image qui vient d’être vue alors qu’on en regarde une autre dans la mesure ou le temps qui les sépare est très court de l’ordre de 1/10ème de seconde. Sans la persistance rétinienne, le cinéma et la télévision ne pourraient pas exister tels que nous les connaissons aujourd’hui.
Ces deux techniques donnent l’impression que les scènes que nous voyons sont animées alors qu’il s’agit en réalité d’une succession d’images fixes.
Le cinéma utilise 24 images fixes par seconde et la télévision 25 en Europe.
Lorsqu’un film est diffusé à la télévision, il est projeté à 25 images par seconde au lieu de 24 il est donc légèrement accéléré, mais la différence est peu décelable.
Dans ces conditions nous percevons parfaitement la continuité des mouvements accompagnés néanmoins d’un papillotement plus ou moins important suivant la luminosité des scènes.
Ce papillotement disparaît lorsque le nombre d’images est porté à environ 48 par seconde. C’est pour cela qu’au cinéma chacune des 24 images/seconde est projetée 2 fois, soit 48 images par seconde. En télévision les images comportent 625 lignes organisées en 2 demi-images, l’une constituée des lignes impaires et l’autre des lignes paires. Ces demi-images sont appelées trames. On transmet ainsi 50 trames par seconde avec un papillotement quasiment nul.
Historiquement, la télévision a utilisé le réseau de distribution d’énergie électrique à 50 Hz pour la synchronisation des signaux. La fréquence trame est donc identique à la fréquence du secteur. C’est la raison pour laquelle la télévision utilise 2 fois 25 demi-images par seconde et non 2 fois 24 comme au cinéma.
Ce qui signifie que lorsqu’on regarde une émission de télévision notre œil voit des scènes complètes qui en réalité sont composée de 2 fois 25 1/2 images consécutives élaborées en 1/50ème de seconde.
Avec le cinéma l’œil intègre 2 fois 24 images en 1/48ème de seconde.
Les premières stations télévision ont démarré en Europe et aux États-Unis en fin des années 20 et début des années 30. Toutes ces stations étaient en télévision mécanique.
Pour obtenir des images il était nécessaire de maquiller à outrance les comédiens et de les éclairer avec de très puissants projecteurs. Malgré des dispositifs de climatisation, la chaleur dégagée par les projecteurs faisait monter rapidement la température du studio, ce que ne supportait pas les maquillages des artistes, qui se mettaient à couler. Dans ces conditions la durée des émissions en directe ne dépassait pas quelques minutes. Pour assurer des temps d’antenne plus importants il a fallu avoir recourt au télécinéma pour diffuser des films.
Le principe des premiers télécinémas consistait à envoyer vers le capteur de prise de vue de télévision les images issues d’un projecteur cinéma, à travers un disque tournant percé de trous suivant sa circonférence permettant d’analyser les images ligne par ligne, point par point.
En France René Barthélemy concepteur de notre télévision mécanique adopte un format d’image de rapport 4/3 parfaitement adapté au cinéma. Le disque tourne suffisamment vite pour que toute les images d’un film soient analysées avant que le projecteur passe à l’image suivante.
On constate que les images de télévision produites par le télécinéma sont de meilleures qualités que celles obtenues par les prises de vues directes. Les émissions de télévision peuvent alors durer au moins le temps de la projection du film.
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La télévision n’aurait pas pu se développer sans l’apport du cinéma car elle a utilisé largement les films commerciaux pour constituer ses programmes.
La télévision mécanique a démarré en France en 1935, elle migre très rapidement vers l’électronique. La caméra intègre un tube de prise de vue appelé « Iconoscope » et les récepteurs sont équipés d’un tube cathodique. Le studio a besoin de moins d’éclairage, la définition des images passe de 60 et 180 lignes en télévision mécanique à 455 en électronique en 1937.
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On va aussi équiper les équipes de reportages de caméras légères 16 mm associées le cas échéant de magnétophone pour la prise de son. L’inconvénient c’est qu’il y a toujours un temps plus ou moins long entre la prise de vue, l’acheminement vers le centre de télévision, le développement du film en laboratoire et son montage.
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La télévision produit néanmoins quelques émissions en direct mais il est impossible de les enregistrer car à l’époque l’enregistrement magnétique n’existe pas. Il faudra attendre la fin de la décennie 50 pour voir arriver les premiers magnétoscopes. En attendant la seule solution envisageable pour conserver une émission, consiste à transformer le studio de télévision en un studio cinéma et fabriquer des films. On va également tourner des fims dans les cabarets, les salles de sports, les stades, les théâtres, les amphithéâtres et les écoles…etc. Tous ces films seront alors diffusés à partir d’un télécinéma.
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Les émissions filmées pourront être conservées dans de bonnes conditions très longtemps, diffusées plusieurs fois, être vendues à des télévisions étrangères. La télévision en 455 lignes cessera ses émissions en 1939 à cause de la guerre pour reprendre après la libération en mars 1945 au standard allemand de 441 lignes.
Ce procédé de tourner des fims est assez lourd à gérer aussi les techniciens vont imaginer une autre solution plus économique « le kinescope ».
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Dans ce cas, on garde uniquement les caméras vidéo dans le studio et les images produites en directe alimentent un moniteur performant avec un écran rémanent devant lequel on place une caméra film. Un magnétophone à bande perforée est associé à cette caméra pour l’enregistrement du son. Ce procédé permet de diffuser une émission en directe et de garder un enregistrement qui pourra être utilisé ultérieurement. Les reportages continueront d’être effectués avec des caméras film 16 mm avec éventuellement une prise de son avec magnétophone. Ce procédé de reportage sera progressivement abandonné dans les années 80 avec l’arrivée de caméras vidéo compactes équipées de magnétoscope intégré.
En 1949 la France adopte un nouveau standard de définition le 819 lignes qui va permettre à la télévision de se développer. Le standard en 441 lignes continue néanmoins d‘être exploité car le parc de récepteurs conçu pour cette norme est important (environ 3000). Dans un premier temps la production va se faire suivant ces deux normes puis on va réaliser une conversion 819 vers 441 lignes pour alimenter les 2 réseaux.
Daniel.bottin@wanadoo.fr
(Source ACHDR / Daniel Bottin)
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