Camille Papin Tissot, Pionnier de la TSF (Partie 3/3)
20 mai 2021En novembre 1907, Tissot se trouve sur le navire « République » avec Ferrié, et il fait des liaisons Alger-Toulon, puis Alger-Paris, enfin Alger-pointe du raz (1500 Km).
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Carte postale de Tissot à Turpain, alors qu’il est en méditerranée avec Ferrié sur la « République » en 1907 ©Famille Tissot
La T.S.F. concernant dorénavant des secteurs aussi divers que la défense, la météorologie ou l’agriculture, l’état installe une « Commission Technique Interministérielle de T.S.F. », pour accroitre encore les ressources et favoriser le développement de ce média en pleine expansion. Tissot et Ferrié, Bien évidemment, en sont.
En janvier 1908, et pour la première fois dans l’histoire, la T.S.F est employée en situation de guerre lors de la campagne de la Chaouia, au Maroc.
Les installations utilisées, qui ont été fournies par la marine, sont amenées sur le théâtre d’opérations par les équipes de Ferrié.
Des liaisons sont établies entre le poste de Ber Rechid et Casablanca, entre Casablanca et le croiseur Kleber qui est lui-même en liaison avec la tour Eiffel, permettant ainsi et pour la première fois une liaison directe entre un théâtre d’opérations et l’état-major central.
En 1911, après avoir gagné une première fois son procès en Angleterre,
Marconi attaque l’état Français et le monde entier en déclarant que « … tout appareil de T.S.F. existant est une contrefaçon à ses brevets de 1897 … ».
Tissot et Ferrié, à la demande des industriels Français représentés par E. Girardeau, jouent un rôle décisif dans le procès en défendant les antériorités brevetées de Ducretet (et donc indirectement celles non brevetées de Popoff …).
Le procès, d’appel en appel, se conclura en 1914 en France aux dépens de Marconi, et sera définitivement clos en 1943 aux USA, toujours aux dépens du britannique.
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de l'heure, au cours de laquelle il est décidé que La Tour Eiffel sera dorénavant le centre d’émission mondial de l’heure. On crée aussi, à cette occasion, le Bureau International de l’Heure.
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Courrier de Poincaré à Tissot à l’occasion du lancement des signaux horaires ©Famille Tissot
En juillet 1912, la 3e conférence Internationale de T.S.F, est réunie à Londres suite au naufrage du Titanic. Entre autres résolutions, elle impose l’inter communicabilité, c'est-à-dire qu’une station devra dorénavant traiter tous les SOS, même ceux provenant d’autres opérateurs.
De suite après, en octobre, se tient à Paris une réunion internationale
Cette même année, le manuel pratique de télégraphie sans fil de Tissot est édité dans sa première édition.
Tissot est promu Capitaine de Frégate le 19 avril 1912. Cet avancement est exceptionnel pour un officier ayant aussi peu navigué. Le 31 juillet 1912, malgré ses souhaits mais conformément à ceux de sa hiérarchie, il termine sa carrière comme chef du Laboratoire Central de la Marine, à Paris.
La grande guerre va montrer toute l’importance de la radio dans les opérations militaires. Il faut accélérer la cadence, établir une série complète d’appareils de Télégraphie Militaire (T.M.) capables d’exploiter la puissance de la nouvelle lampe, lancer des fabrications industrielles …
Les choix de l’état-major ne sont pas toujours pertinents : si Ferrié est encouragé à développer des laboratoires, des usines et mobilise les scientifiques, les compétences de Tissot, le pionnier originel, sont sous- employées et on lui laisse beaucoup de latitude. Les marins continuent donc à installer des stations de radio dans les ports et sur les navires. De Broglie installe la T.S.F. sur les sous-marins et Tissot équipe des navires Charbonniers à Bizerte, tout en continuant ses travaux de recherche fondamentale.
Le capitaine de frégate Tissot meurt brutalement à Arcachon, en Octobre 1917, à 49 ans, de tuberculose et d’épuisement. Ses derniers travaux
concernaient la propagation des sons dans l’eau pour repérer les sous- marins, essais menés à Bandol, et il eut la satisfaction de voir son système de signaux optiques utilisé durant toutes les hostilités pour l’identification entre les sous-marins et les navires français.
Il est déclaré Mort pour la France par le président Poincaré, et il repose au carré militaire du cimetière d’Arcachon. Il était Officier de la Légion d’Honneur, et Officier de l’Instruction Publique.
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Décorations de Camille Tissot ©Famille Tissot
Son décès en pleine guerre empêcha la tenue d’une cérémonie à la hauteur du personnage. Néanmoins, le monde scientifique, ému de ce décès brutal, tint à rendre un hommage appuyé à la veuve du commandant Tissot.
Le ministre de la marine Chaumet télégraphia à Mme Tissot un télégramme où il assurait que « … la marine conservera fidèlement le souvenir du grand savant aussi modeste que désintéressé qu’était le commandant Tissot … ».
Promesse non encore tenue à ce jour !
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Télégramme du ministre de la marine à la veuve Tissot ©Famille Tissot
Tissot a lui-même écrit trois ouvrages très détaillés et clairs :
- Mémoire de thèse de Doctorat sur la résonance des antennes (1905)
- Traité sur les oscillations électriques (1906),
- Manuel de TSF théorique et pratique (1912), réédité jusqu’en 1932 (6e édition).
C’est-à-dire que les militaires français qui participèrent à la seconde guerre mondiale avaient appris la TSF dans les manuels de Tissot, lui-même mort durant la première guerre mondiale !
Tissot est aussi l’auteur de nombreux articles de vulgarisation de la TSF dans des revues scientifiques internationales, et donnera de très nombreuses conférences sur le sujet..
Bien que n’en étant pas membre, il intervient régulièrement devant
l’Académie des sciences, et certaines de ces interventions sont de véritables brevets d’invention.
Il reçoit plusieurs prix et récompenses de cette Académie.
Ses travaux et ses résultats lui ont valu d’être appelé à participer au Comité de TSF scientifique, comité dont il fut l’un des membres les plus compétents et écoutés.
Pour ces mêmes raisons, il était aussi membre d’autres sociétés scientifiques à travers le monde, et il représenta plusieurs fois la France lors des conférences internationales de TSF. Il était également membre de plusieurs commissions gouvernementales, plus ou moins en rapport avec la TSF (Météo agricole, comité de TSF scientifique, comité des P et T ….).
Plusieurs publications et ouvrages décrivent les travaux de Camille Tissot :
Ainsi Eugène Giboin, dans "Le développement de la TSF dans la marine Nationale de 1897 à 1939 " (Académie de Marine - 1951) :
" … c'est à Camille Tissot […] que revient le mérite des premières réalisations qui furent faites dans notre marine, et son nom doit être placé à côté de ceux du général Ferrié et d'André Blondel, ainsi que de celui de René Mesny, plus tard venu dans les mêmes recherches, dans la liste des savants Français qui ont créé la TSF en France […] sa mort prématurée a été une très grande perte pour notre pays et pour la science… "
Ou encore Albert Turpain, « manuel de télégraphie sans fil » - 1909
«… M. Tissot ne s’est pas contenté de faire, au sujet des phénomènes mis en cause dans la TSF, des études systématiques qui sont de beaucoup les plus complètes qui aient été faites touchant cette intéressante application des ondes électriques : il a encore doté nos escadres de tout un matériel des mieux étudiés qui leur a permis peu à peu, et cela dès 1898, d’accroître la portée des communications. Aujourd’hui [en 1909…] tous les navires de guerre munis des dispositifs étudiés par M. Tissot peuvent communiquer à 300 km.
En 1906, le cuirassé « Bruix » a pu même communiquer avec Port-Vendres, à une distance de 500 km. … »
Jean-Luc FOURNIER
Copyright photo : Sauf mention contraire, avec l’aimable autorisation de la famille Tissot.
(Source Jean Luc fournier - famille Tissot / ACHDR - D.Bottin)
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