Les émetteurs de l’ère de la télévision mécanique à celle du numérique
04 mars 2021A partir des années 20, avant l’avènement de la télévision à Paris, les stations d’émission publiques et privées se multiplient un peu partout en France. Elles sont destinées à diffuser des programmes radiophoniques. Certains de ces émetteurs permettent d’expérimenter les premières émissions de télévision mécanique. Car en télévision mécanique la faible définition de 30 et 60 lignes correspond à des bandes vidéo de quelques KHz. Ces faibles bandes passantes vidéo peuvent sans problème être diffusées par un émetteur radio à la place du son. Les récepteurs radio grand public moyennant de légères modifications peuvent en association avec un disque de Nipkow restituer les images de télévision mécanique. Un deuxième récepteur radio est alors nécessaire pour recevoir le son. Les récepteurs radio de cette époque s’appellent « poste de TSF ».
En 1930, la Compagnie des Compteurs (CdC) installe un centre expérimental de télévision équipé d’un studio, dans son usine à Montrouge et obtient l’autorisation de disposer d’un émetteur onde courte (8m) d’une puissance de 8 W. L’animation de ce centre expérimental de télévision est confiée à l’ingénieur René Barthélemy.
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La première démonstration publique de transmission de télévision a lieu le 14 avril 1931 depuis la station expérimentale de la CdC. Les images sont diffusées par l’émetteur onde courte de Montrouge. Le son est diffusé sur 431 m par l’émetteur de l’École Supérieure des PTT située rue de Grenelle, relié à Montrouge par une paire téléphonique. Le programme est reçu en région parisienne dans le grand amphithéâtre de l’’École supérieure d’électricité à Malakoff où se pressent plusieurs centaines d’invités.
En 1935 le gouvernement officialise les expérimentations conduites par René Barthélemy et demande que les équipements de la station expérimentale soient installés dans l’amphithéâtre de l’École Supérieure des PTT rue de Grenelle à Paris, réaménagé en studio.
Le 26 avril 1935 a lieu l’inauguration du service officiel de la télévision à Paris en 60 lignes.
La caméra mécanique 60 lignes de la CdC est placée dans une pièce adjacente au plateau, derrière une vitre isolante à double épaisseur destinée à atténuer le bruit du moteur qui fait tourner le disque de Nipkow de la caméra. Cette pièce abrite également l'émetteur de télévision conçu par la CdC dont la puissance est passée à 500 W.
Le 8 décembre 1935 la définition de la télévision passe de 60 à 180 lignes. Un nouvel émetteur onde courte (8m) de 2 KW fabriqué par la SFR-CSF est installé provisoirement au pilier nord de la tour Eiffel, en attendant que le pilier sud, destiné à recevoir les équipements d’émission soit aménagé pour le recevoir d’une manière définitive.
Les images élaborées dans le studio de la rue de Grenelle sont acheminées directement au pilier de la tour Eiffel par un câble coaxial pressurisé long de 2 500 mètres. Un feeder de 330 m de long relie l’émetteur à une antenne constituée de 4 brins de 8 mètres de long, au sommet de la tour Eiffel. Le son est transmis en ondes moyennes (206 mètres) par l'émetteur de Radio Tour Eiffel.
En 1937 la télévision devient entièrement électronique. Le disque de Nipkow est abandonné au profit de l’iconoscope pour la caméra et du tube cathodique pour le récepteur. La définition passe de 180 à 455 lignes. Il est alors nécessaire que l’émetteur puisse disposer d’une bande passante suffisamment large, de plusieurs MHz pour diffuser correctement les images.
En juillet 1937, la société « Le matériel Téléphonique » (LMT) installe, au pilier sud de la tour Eiffel, un émetteur de télévision spécialement conçu pour un format de 455 lignes. Il diffuse une porteuse véhiculant la vidéo sur 46 MHz avec une puissance de 7,5 kW, tandis que l'ancien émetteur 180 lignes de la SFR-CSF est réutilisé pour diffuser le son sur 42 MHz.
Un feeder constitué d’un câble coaxial d’un diamètre extérieur de 13 cm, d’une longueur de 380 m et d’un poids de 12 tonnes relie l’émetteur à l’antenne au sommet de la tour.
La puissance de cet émetteur augmente constamment pour atteindre 30 KW et devenir ainsi le plus puissant du monde. Cet émetteur est saboté par les français en juin 1940 avant l’arrivée des troupes d’occupation allemande.
Pendant l’occupation en 1943, les allemands décident de remettre en route la télévision à Paris suivant leur standard de 441 lignes. L’émetteur construit par la société LMT saboté en 1940 est réparé. Il est directement relié par un câble coaxial aux nouveaux studios de la rue Cognacq-Jay récemment aménagés par les allemands.
Ces équipements de télévision cessent de fonctionner le 12 août 1944, juste avant la libération de Paris. Les techniciens français prennent ces équipements en main et se familiarisent avec ce matériel nouveau laissé par les allemands.
Pour éviter le brouillage de leur système de télécommunications, les forces américaines interdisent la remise en service de l’émetteur de la tour Eiffel qui fonctionne dans la même bande de fréquence.
Il faudra attendre le 1er octobre 1944 pour que la tour Eiffel commence de nouveau à émettre.
Cet émetteur de télévision 441 lignes, au standard allemand, fonctionne jusqu’en janvier 1956, date à laquelle un incendie l’endommage.
Les dégâts étant très importants il n’est pas réparé car la continuité du service de cette 1ere chaine est assurée depuis 1949 par un émetteur en 819 lignes. L’arrêt définitif de cet émetteur 441 lignes était de toute façon programmé pour 1958.
Le 15 novembre 1949, un émetteur 819 lignes en bande III est inauguré au pilier sud de la tour Eiffel pour diffuser la première chaine de télévision. Le contenu de cette chaine fait très souvent l’objet d’une production parallèle à celle fonctionnant en 441 lignes en attendant de savoir convertir les standards.
Cet émetteur 819 lignes cesse de fonctionner 1983 car depuis 1975 la 1ere chaine est dupliquée en couleur par un émetteur UHF.
Le 21 décembre 1961, un émetteur UHF expérimental 625 lignes pour une 2eme chaine est mis en service au pilier sud de la tour Eiffel, là où était installé celui du 441 lignes avant janvier 1956.
Pour effectuer les premiers essais de diffusion de télévision couleur à Paris, la RTF met en service le 16 mai 1963 un émetteur UHF canal 28, de faible puissance sur la tour des Buttes Chaumont.La 2ème chaine 625 lignes UHF en Noir et Blanc est officiellement inaugurée le 18 avril 1964 au pilier sud de la tour. Un guide d’ondes en guise de feeder est installé pour alimenter les antennes, au sommet de la tour, sans avoir à subir trop de pertes. Cet émetteur, diffuse officiellement la couleur à partir du 1er octobre 1967.
L’ORTF démarre la 3eme chaine en 625 lignes et en couleur 31 décembre 1972. Un émetteur pour diffuser la première chaine en couleur sur un canal UHF est mis en service à la tour Eiffel le 25 décembre 1975. Le contenu de celle-ci est identique à celui de la chaine noir et blanc 819 lignes mais il est en couleur. Maintenant toute la production de cette chaine se fait en couleur ; les programmes de télévision en couleur pouvant être reçus sans problème sur les anciens téléviseurs en noir et blanc.
À partir de la décennie 50, la télévision s’implante dans toutes les régions de France avec la mise en service des stations régionales qui progressivement sont connectées à Paris grâce au développement du réseau de faisceaux Hertziens. Ce réseau franchit les frontières de l’hexagone et permet ainsi de créer « l’Eurovision » en 1954.
Pendant plusieurs années le nombre de programmes diffusés dans chaque région est de trois. Il y a la première et la seconde chaine qui sont nationales et la troisième a une vocation régionale mais comporte aussi des créneaux nationaux.
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Par la suite le nombre de chaines diffusé en UHF dans chaque région passe de 3 à 6 et Canal + récupère l’ancien réseau VHF de l’ancienne première chaine en novembre 1984. Six est le nombre maximum de canaux analogiques diffusables par région sur l’ensemble du territoire dans de bonnes conditions, sans brouillage.
Cette limitation tombe en 2005 avec l’arrivée la TNT (Télévision Numérique de Terre). La diffusion de la TNT utilise les mêmes canaux que la télévision analogique. Par contre on place au moins 5 chaines numériques dans un canal analogique ; ce qui permet de multiplier par ce chiffre le nombre de programmes diffusables. En numérique les anciens canaux analogiques véhiculant les programmes de la TNT sont appelés « multiplex ».
Aujourd’hui la TNT propose un peu plus de 30 chaines dont 27 sont gratuites, réparties sur 6 multiplex.
(Source Daniel Bottin / ACHDR)
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