Le poste émetteur de Nieul
Le poste émetteur de Limoges-Nieul est le dernier des postes émetteurs régionaux du plan du Général Ferrié à avoir été construit. Véritable « Cathédrale des temps modernes », Il représentait une puissance de 120kw. Cette puissance permettait d’émettre à l’étranger.
On estimait la puissance totale du réseau des émetteurs publics et privés sur le territoire français à 2250 Kw dont 1580Kw pour le réseau d’Etat qui dépendait de l’administration des PTT jusqu’au décret du 29/7/1939 qui institua la radio sous le nom de « Administration de la Radiodiffusion Nationale »(ARN).
Le dimanche 12 février 1939 eut lieu la cérémonie de la pose de la 1ère pierre en présence du Maire de Nieul, Monsieur Emile Foussat et sous la présidence du Ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones (PTT) Monsieur Jules Julien.(Un enregistrement sonore est toujours disponible dans les archives de l’INA.histoire de la radio http://ina.fr).
L’émetteur de Limoges-Nieul a été le seul en France à être debout à la libération. Jean Guignebert nommé par De Gaulle fin octobre 44 Directeur Général de la Radiodiffusion Nationale Française fait une émission particulièrement élogieuse à ce sujet pour Marcel Villate et le personnel du Centre qui l’a permis.(à ce jour nous ne retrouvons pas le texte).
Le 2 septembre 2014 sur France Culture Histoire, rediffusion d’une émission anniversaire de la libération des ondes où il était question des différentes régions radiophoniques. Limoges-Nieul y était bien signalée comme étant la seule station de grande puissance à être debout au départ des occupants mais sans commentaire. Or nous avons un devoir de mémoire envers ce poste émetteur.

Voila comment on nous décrit l’intérieur du poste émetteur dans les années 1960 :
« …au rez de chaussée, des redresseurs à vapeur de 1m50 de haut, sous une haute tension à 12000 volts munis de 6 bras anodiques et des dynamos à 3000v. Ces redresseurs émettent une lueur bleue ; au creux de la cathode, en bas, à la surface du mercure, zigzaguait en tout sens la « tâche cathodique » d’une brillance insoutenable. Au 1er étage, une forêt de gros ballons métalliques, échangeurs entre l’eau distillée de refroidissement des amplificateurs du 4 ème étage et l’eau brute à qui elle cédait ses calories par de multiples et gracieux jets d’eau qui retombaient à la surface dans un bassin extérieur. Au 2ème étage d’énormes serpentins en porcelaine qui montent vers le 4 ème étage et la ligne de fuite électrique dans des colonnes d’eau distillée. Là haut l’eau arrive au contact des anodes des amplificateurs au potentiel de 12 000 volts. Au 3ème ce sont des appareillages plus classiques en ébonite noire et un nouvel émetteur de 20 Kw plus moderne, plus « rassemblé ».
En 1973 : une armoire placée au 4 ème étage suffit pour assurer la diffusion de « Radio bleue »(la radio des séniors) sur ondes moyennes.
En 1999 : Limoges- Nieul a cessé d’émettre. Le pylône de 200m a été démonté. L’immense bâtiment désaffecté est mis en vente.
Avec le poste émetteur de Nieul nous rejoignions la grande histoire de la Radio. Nous pourrions la résumer par : »de la lampe à la parole » après lecture du livre de Michel Amoudry : « Le Général Ferrié et la Naissance des Transmissions et de la Radiodiffusion » chez PUG (presse universitaire de Grenoble). Nous vous en donnerons quelques extraits ; on y redécouvre l’histoire du Titanic et comment la tour Eiffel a été sauvée de la destruction par la radio…(voir sur http://ina.fr un film sur ce général : « De la galène au radar« ).