Avec ses deux pylônes hauts de plus de 300 mètres, de couleurs rouge et blanc, le centre émetteur d’Allouis se dresse fièrement dans la Champagne berrichonne, entre Bourges et Vierzon. Cet émetteur, exploité par TDF, a été célèbre en France pour avoir diffusé France Inter en grandes ondes pendant de nombreuses années, jusqu’au 31 décembre 2016.
Donner l'heure exacte
Aujourd’hui, et depuis 1974, il remplit encore une fonction essentielle : donner l’heure exacte, en permanence, à 300.000 à 400.000 récepteurs professionnels en France et dans les régions limitrophes (Belgique, Allemagne, Afrique du Nord). Des récepteurs qui changeront d’heure automatiquement cette nuit (à 2 heures, il sera 3 heures).
Malgré l’apparition du GPS, Allouis reste prisé des professionnels (entreprises, collectivités). Plus de 50 % des récepteurs recevant le signal appartiennent aux communes : éclairage public, feux tricolores, horloges de clochers…
Émetteur d'Allouis : le signal horaire maintenu
« Sa situation centrale lui permet de couvrir l’ensemble du pays », souligne Philippe Ourdouillie, responsable des sites de diffusion d’Allouis et d’Issoudun (Indre) à TDF. Outre sa situation centrale, c’est la qualité du terrain qui a été déterminante dans le choix du site de l’émetteur, en 1938. « Le terrain argilo-calcaire, humide et marécageux, est très favorable à la réception du signal », estime Philippe Ourdouillie.
L’émetteur d’Allouis donne l’heure exacte, en permanence, à 300.000 à 400.000 récepteurs professionnels en France et dans les pays limitrophes. Photo Pierrick Delobelle.
Tout se passe au premier étage
C’est au premier étage du bâtiment de l’émetteur que se trouve l’horloge chargée de régler tous ces récepteurs. Il s’agit, en fait, de deux horloges au césium : une principale et une de remplacement en cas de panne technique. Heure, jour de la semaine, férié ou non : « l’horloge transmet tout ce qui peut être utile à un horodatage », souligne Manuel Mesquita, responsable d’unité opérations service ondes longues, à Allouis.
Le signal est, ensuite, généré pour que les récepteurs puissent le recevoir à l’autre bout de la France, en grandes ondes (162 kHz). « Pour recevoir le signal, il faut une certaine puissance, souligne Manuel Mesquita. Il faut l’amplifier. Le pylône permet d’envoyer l’heure légale sur les ondes. » Et la puissance est conséquente : 1.100 kilowatts, 24 heures sur 24!
Grandes ondes de France Inter : un jeune fan raconte sa passion
Allouis n’est certes pas le seul centre à donner l’heure en Europe. Beaucoup se servent, aussi, de l’émetteur de Francfort (DCF77) pour régler leurs montres. Mais « Francfort est un émetteur moins puissant (50 kilowatts) qui n’est pas reçu par toute la France, indique Philippe Ourdouillie. Dès qu’on va vers le sud, il n’est plus recevable. »
Tout est déjà programmé
Si le changement d’heure va faire l’actualité, ce week-end, ce ne sera pas le cas de l’émetteur d’Allouis. « Le changement est programmé onze mois à l’avance », précise Philippe Ourdouillie.
Enfin, l’un des atouts de l’émetteur d’Allouis est d’offrir une réception gratuite de l’heure par ses utilisateurs : « Le signal est fourni gratuitement », insiste Philippe Ourdouillie. C’est, en effet, l’État qui finance l’émetteur, via l’agence nationale des fréquences (ANFR). La seule condition, pour les professionnels, est d’acquérir un récepteur adéquat pour recevoir… la bonne heure.
Benoît Morin
benoit.morin@centrefrance.com